La Catalogne renforce l’encadrement des loyers : les locations temporaires et en colocation désormais concernées
Un nouveau décret étend les plafonds de loyers aux contrats de courte durée et aux chambres en colocation, alors que l’offre locative continue de s’effondrer dans toute la Catalogne.

La Catalogne renforce l’encadrement des loyers : les locations temporaires et en colocation désormais concernées
Un nouveau décret étend les plafonds de loyers aux contrats de courte durée et aux chambres en colocation, alors que l’offre locative continue de s’effondrer dans toute la Catalogne.
La Generalitat a adopté un nouveau décret-loi qui élargit les règles d'encadrement des loyers aux locations de courte durée et aux chambres en colocation. Désormais, même les contrats temporaires devront respecter les mêmes plafonds que les baux classiques, en particulier dans les zones dites tendues.
Sur le papier, il s'agit de faciliter l'accès au logement. Mais sur le terrain, les professionnels constatent un effet inverse : une chute brutale de l’offre, qui aggrave encore davantage la crise actuelle.
« L’intention est bonne », explique Katya Moshnikova, conseillère senior chez Urbane International Real Estate. « Mais on part du principe que les propriétaires veulent systématiquement contourner la loi. Or, beaucoup dépendent de ces loyers pour rembourser leur crédit immobilier. En plus, l’indice de référence utilisé n’a rien de réaliste : un appartement entièrement rénové ne peut se louer que 100 euros de plus qu’un bien vétuste situé juste à côté. Ce n’est pas équitable. »
Ce que dit le nouveau texte
Le décret stipule que toute location ayant pour but de répondre à un besoin d’habitation – même temporaire – doit respecter les mêmes règles que les baux traditionnels. Seules les locations à usage touristique ou récréatif sont exemptées, à condition que ce soit clairement précisé dans le contrat. Cela peut bien entendu entraîner des difficultés d’interprétation sur ce qui constitue exactement une preuve valable d’un bail à usage touristique ou récréatif. La loi prévoit également des raisons « culturelles ».
Concernant les chambres en colocation, la nouvelle réglementation impose que la somme totale des loyers perçus pour un logement ne dépasse pas le plafond applicable à la location entière. Toute clause jugée déséquilibrée ou trompeuse pourra être considérée comme frauduleuse.
Un effondrement de l’offre locative
D’après les chiffres d’idealista, l’offre de locations de longue durée a baissé de 26 % en un an à Barcelone fin 2024, tandis que les locations saisonnières ont augmenté de 31 %. Depuis 2020, le nombre d’appartements à louer de manière permanente a chuté de 58,1 %.
À l’échelle régionale, la tendance est similaire : les locations de courte durée ont bondi de 167 % à Gérone, 57 % à Tarragone et 82 % à Lérida, alors que les locations longue durée ne cessent de reculer.
Les loyers en colocation atteignent des sommets
Barcelone est désormais la ville la plus chère d’Espagne pour la location d’une chambre, avec un loyer moyen de 620 € par mois, dépassant Madrid (565 €). La capitale catalane concentre également 14 % de l’offre nationale dans ce segment.
Et d'autres mesures dans le décret
La réforme inclut aussi des modifications sur les logements sociaux (HLM/VPO), avec le maintien obligatoire de leur statut en zones tendues. Le texte renforce le droit de préemption de l’État sur les biens appartenant à de grands propriétaires, et prévoit que les dépôts de garantie conservés par Incasòl soient utilisés pour financer la construction de nouveaux logements publics à louer.
Officiellement, le but est de garantir une offre de logements suffisante et abordable. Mais sur le terrain, les chiffres racontent une autre histoire : moins d’appartements disponibles, des loyers qui grimpent, et un accès au logement de plus en plus difficile.